Page:Abbadie - Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie.djvu/430

Cette page a été validée par deux contributeurs.
422
DOUZE ANS DE SÉJOUR

portée à leurs franchises communales, de se jeter dans les hernes de leur pays accidenté, couvert et très-propre à la guerre de partisans ; aussi font-ils d’excellents soldats. Ce plantureux pays, un des plus attrayants du Gojam, passait pour un des plus difficiles à gouverner, et pour celui où l’on trouvait le moins de vieillards, à cause des résistances armées qu’il opposait à chacun des nouveaux gouverneurs que le Ras y envoyait. L’attachement des habitants à leurs libertés locales, ainsi que la beauté de leurs femmes, sont passés en proverbe, et, quoique descendants, comme on sait, de colons Gallas, ils ont la réputation de parler un amarigna plus pur que dans les provinces avoisinantes.

Le Dedjadj Baria, gouverneur de l’Agaw-Médir, province comprise dans le gouvernement des fils de Conefo, s’étant décidé à opter en notre faveur, se joignit à nous avec 900 cavaliers seulement, quoique son pays pût en fournir neuf ou dix mille pour une expédition lointaine, et un nombre bien plus considérable pour une campagne de peu de durée, comme celle que nous entreprenions. Il allégua qu’il avait eu trop peu de temps pour préparer ses compatriotes au brusque changement de leur politique.

Selon quelques traditions, le peuple Agaw aurait possédé jadis la majeure partie de l’Éthiopie ; il se trouve circonscrit aujourd’hui dans la province de l’Agaw-Médir, contiguë au Damote, et dans une autre province au sud-est, voisine du Lasta, et connue en Éthiopie sous le nom d’Agaw tout court. Les Agaws parlent, outre l’amarigna, une langue complétement différente, dont le nom ethnique est Hamtonga ; mais, comme les deux provinces ne communiquent entre elles que très-rarement, cette langue a formé deux