Cependant, le Dedjadj Guoscho ne pouvait paraître ignorer la nature des rapports de Birro avec le Ras, leur suzerain commun. En annonçant à celui-ci son heureux retour en Gojam, il lui fit hommage de quatre bons chevaux pris aux Gallas. Le Ras se montra très-satisfait de ce présent et il lui envoya en retour une belle carabine, mais sans même mentionner le nom de Birro. Ce silence, son refus de laisser partir sa sœur, la façon persistante et exceptionnelle dont il boudait, disait-on, sa mère, ses conférences répétées avec ses principaux vassaux musulmans, connus pour le pousser à amoindrir la position de la Waïzoro Manann, afin de prendre eux-mêmes en mains la direction des affaires, tout faisait craindre que le parti musulman à Dabra Tabor ne reprît le dessus, ce qui ne pouvait manquer de provoquer une rupture avec le Dedjadj Guoscho, en qui se personnifiait le parti chrétien.
Le Ras était alors sous le coup de graves complications politiques. Loin de pouvoir exercer sa suzeraineté sur le Dedjadj Oubié, il en était réduit à compter avec lui de puissance à puissance. Le Dedjazmatch qu’il avait nommé en Idjou, en remplacement de Birro Aligaz, ne parvenait pas à se faire accepter par le pays, qui était attaché à son ancien gouverneur. Son fidèle et utile vassal, le Dedjadj Conefo, venait de mourir, laissant une armée nombreuse dévouée à la fortune de ses fils dont la fidélité lui paraissait d’autant plus suspecte que le Dedjadj Oubié et le Dedjadj Guoscho l’engageaient à les confirmer dans le pouvoir de leur père. L’Éthiopie était privée depuis plusieurs années de l’Aboune ou Primat, espèce de Légat envoyé par le siége de Saint-Marc d’Alexandrie, chef de tout le clergé, et qui seul a puissance