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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

Il nomme ensuite aux différents bénéfices ecclésiastiques de ses provinces et il nomme les Alakas ou abbés des villes d’asile. Il compose ensuite le Sihil-bet (maison à images) ou chapelle particulière, consistant en trois ou quatre prêtres et un nombre indéterminé de clercs. Ces ecclésiastiques campent à la droite de la tente du Dedjazmatch, sous des huttes et autour d’une grande tente blanche qui sert de chapelle, où, longtemps avant le jour, ils se réunissent pour chanter les offices.

À cause des éventualités de la guerre, ils emportent rarement une pierre d’autel avec eux, ce qui fait qu’en campagne, ils ne disent pas la messe. Le Dedjadj Guoscho ne se faisait point suivre de ses aumôniers quand il avait lieu de prévoir que la campagne serait périlleuse ; en ce cas, il emmenait seulement son confesseur. Parmi les clercs, il se trouvait toujours un légiste, muni du texte guez du code Byzantin, et capable de le consulter dans les rares cas où les parties en référaient à ce code. Le Père confesseur est ordinairement pourvu d’un bénéfice ; les autres ecclésiastiques touchent des rations et de modestes émoluments.

Vient ensuite le réglement des ordinaires et rations de ceux qu’on appelle mangeurs de la redevance. Cette catégorie est composée des commensaux du Dedjazmatch. Ce sont des réfugiés de marque, des vassaux disgraciés, ou des nobles venus d’autres provinces pour prendre du service ou obtenir des secours, ou enfin de braves cavaliers que le Dedjazmatch n’a pu pourvoir de fiefs, et qui se contentent provisoirement de rations pour les hommes de leur suite et espèrent, en partageant journellement la table de leur seigneur, gagner sa faveur.