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DOUZE ANS DE SÉJOUR

sénéchaux pour la fixation, la recette et la répartition des impôts en miel, et il jouit d’une perception sur les terres qui le fournissent. Un morceau de viande lui est désigné sur chaque bête abattue. Il préside aux différentes opérations de la fabrication de l’hydromel, il est responsable de la qualité de la liqueur, et il en use à discrétion pour sa propre consommation. Aux jours de festin, il doit être debout à côté de la jarre en vidange. Il a la surveillance des outres de miel confiées aux sommiers, ainsi que celle des porteuses d’hydromel et des femmes qui le fabriquent. Cette charge est souvent cumulée par l’échanson en chef. Il lui est alloué un certain nombre de rations pour son entretien et celui de ses hommes. Il campe sous une petite tente noire auprès du Biarque. Le Dedjazmatch nomme ainsi un contrôleur pour surveiller sa gestion.

Le Enjerra Assallafi (qui passe le pain), ou panetier. Le Dedjazmatch ne goûte à aucun mets sans la présence de cet officier, qui doit être dans sa personne d’une propreté recherchée. Debout auprès de la table, il donne à goûter de chaque plat à la cuisinière en chef, puis, la tête en arrière, il goûte à son tour, en laissant tomber de haut un morceau dans sa bouche. Il prépare les bouchées pour le Dedjazmatch, étale devant lui les morceaux pour lesquels il connaît sa prédilection et sert pareillement tous les autres convives, car lui seul met la main aux plats. Avant le repas, il a droit à un pain de première qualité pour juger, à la cuisine, de la bonne préparation des mets ; de plus, par chaque repas, il a droit à quatre autres pains de première qualité. Quand le Dedjazmatch a mangé, et qu’on éloigne un peu la table pour que la deuxième tablée de commensaux prenne son repas, le panetier a le privilége de s’asseoir entre les convives