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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

se répand, car chaque coupe doit être emplie jusqu’aux bords ; ces égoutilles forment ses profits. Il y a plusieurs Gueuddavis ; souvent cette fonction très-recherchée est confiée à un fusilier qui s’est distingué par une action d’éclat.

C’est en présence du maître et des convives que l’échanson fait enlever avec précaution la tape soigneusement lutée qui bouche l’amphore d’hydromel. Il fait ensuite coiffer l’amphore d’un blanchet, et dans quelques maisons, lorsqu’on l’incline pour verser la liqueur, un fonctionnaire qu’on appelle Tedj-Tchari (griffeur de l’hydromel) a le privilége de frapper ou de gratter le blanchet, avec le bord d’un hanap, afin d’activer la filtration de l’hydromel. L’hydromel qui tombe dans son hanap constitue son bénéfice. Si l’échanson trouve qu’il prélève trop sur la liqueur, au lieu d’un hanap, il a le droit de lui faire prendre, pour gratter le blanchet, une serre desséchée d’oiseau de proie. Cette fonction bachique est fort enviée, et on la donne ordinairement à un fusilier d’élite.

Les Fellakis (retrancheurs) tiennent la coupe sous l’orifice de l’amphore, et, avant de la remettre à l’échanson, ils en retranchent à leur profit un doigt de la liqueur, qu’ils ramassent dans une écuelle. Cette fonction, également fort recherchée, est souvent enlevée aux gardes du trésor pour être conférée à un fusilier d’élite. Sur la présentation des chefs de corps, le Dedjazmatch nomme à ces trois offices. Les effondrilles du vase d’hydromel en vidange sont réclamées par les fusiliers présents. L’échanson a la charge difficile de veiller à ce que ces perceptions diverses ne donnent pas lieu à des abus.

Le Tedj-Melkégna (maître de l’hydromel), ou boutillier, ordonnateur de l’hydromel. Il s’entend avec les