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DOUZE ANS DE SÉJOUR

Il ne jouit que des petites entrées ; il est investi d’un petit fief et profite de maints bénéfices non avoués. Il enrôle pour son compte de quarante à soixante soldats, et campe sous une tente noire auprès du Biarque. Le Dedjazmatch nomme un comptable pour contrôler son service.

Le Tedj-Assallafi (qui passe l’hydromel), ou échanson. On choisit, généralement pour cet office un cavalier brave et avenant. Comme l’entrain et la physionomie des repas et des festins dépendent surtout de l’hydromel, objet des convoitises de tous, les fonctions de l’échanson y sont très-importantes. Il doit être doué de tact et de mémoire, apprécier le cas à faire de chacun, afin de diriger le boire sans l’intervention apparente du maître et d’après ses intentions secrètes. À chaque fois qu’il présente un burilé (carafon en verre) d’hydromel au Dedjazmatch, ce dernier lui en verse un peu dans le creux de la main, et il doit le boire en présence de tous ; il est de service à tous les repas. Sur chaque bête abattue, il prélève un morceau spécial de viande ; il a aussi une dîme sur les peaux, et il use librement de l’hydromel pour sa consommation personnelle ; mais, en présence de son maître, il n’a droit de boire qu’un seul burilé, qu’il consomme sur place, afin d’exclure toute idée de convoitise de sa part. Il prélève une dîme sur le miel. Il a une tente blanche et un petit fief qui lui permet d’enrôler de quatre-vingts à cent vingt hommes. Il fait partie du campement du Biarque, son supérieur direct.

En marche, les hanaps en corne et les burilés sont portés par les gardes du trésor ; quand on verse une amphore, un de ces derniers nommé à la fonction de Gueuddavi, tient une écuelle au-dessous du hanap ou du burilé pour y recevoir le surplus de liqueur qui