Page:Abbadie - Douze ans de séjour dans la Haute-Éthiopie.djvu/357

Cette page a été validée par deux contributeurs.
349
DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

cial par bête de boucherie. Les coupeurs d’herbe ont droit aussi à un morceau spécial de viande. Le nombre des chevaux d’un Dedjazmatch varie beaucoup et s’élève quelquefois à une trentaine.

Le Siga Melkégna (maître de la viande), ou écuyer tranchant. Il a la direction et la comptabilité du parc des bœufs, des moutons et des chèvres destinés à la boucherie, sur lesquels il prélève pour son compte un dixième. Conjointement avec l’Elfigne Askeulkaïe, il commande aux bûcherons, qui sont chargés, lorsque l’armée est en marche, de conduire les troupeaux, de porter les paniers à pains, la braizière du Dedjazmatch, la table à manger, les viandes, de traire les vaches, de faire le bois et d’allumer les feux, d’abattre les animaux et de les dépecer, de griller les viandes et de préparer les outres provenant des chèvres tuées. Il nomme parmi eux un Aggafari et un Alaka. En outre de leur habillement, de leurs rations et d’une paye minime, ces bûcherons perçoivent les deux tiers des peaux de bœufs et de moutons abattus, et une certaine quantité de viande. Celui d’entre eux qui a porté la table perçoit, de plus, un pain à chaque fois qu’on fait un repas. L’écuyer tranchant perçoit pour son compte, par chaque animal abattu, un morceau de viande, ainsi qu’un tiers des peaux. À chaque repas, il doit présenter au Dedjazmatch le morceau choisi de viande crue ou de carbonade ; ses subordonnés remplissent le même office auprès des convives. Pendant les grands festins, il préside aux distributions de viande et il doit rester debout jusqu’à la fin du repas ; le boutillier doit alors lui présenter à boire. Comme les bœufs sont abattus sur la place, devant la demeure du Dedjazmatch, cet officier de bouche est responsable des dégâts ou des blessures occasionnés par les animaux qu’il manque à maîtriser.