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DOUZE ANS DE SÉJOUR

désaccord avec son maître, il prend refuge dans une ville d’asile, le clergé de l’asile est tenu de rendre sa personne à son Seigneur ; la même coutume existe à l’égard du Grand Sénéchal et son lieutenant. Le Beudjeround commande le corps des Eka-Bet ou gardes du trésor, dont il nomme le Chalaka (chef de millier), espèce de Chiliarque. Les selliers, les bourreliers, les censeurs, les armuriers, les ouvriers en fer, en cuivre, les argentiers et les artisans de toute sorte sont sous sa direction, comme aussi les buandiers, les coiffeuses et les pages. Il est investi d’un grand fief ; dans quelques gouvernements cet officier est revêtu de la cotte-d’armes en soie, mais en Damote ce n’est point la coutume.

Durant les festins il se tient debout au pied de l’alga du maître, et en tout temps il jouit des grandes et des petites entrées. Il a la juridiction de toutes les causes qui ont trait à ses attributions, et il perçoit pour son compte les profits de cette judicature. Ses fonctions le mettent en rapports journaliers avec son maître, et il en profite pour servir d’intermédiaire pour les réclamations ou les faveurs, ce qui lui procure encore un patronage étendu et très-lucratif. Il est rarement admis au Conseil. Il campe sur la gauche de la tente du Dedjazmatch, au milieu des gardes du trésor, en outre desquels, il enrôle pour son propre compte un petit nombre de soldats. Il a droit à une tente blanche.

Le Moulla-bet Aggafari (garde de toute la maison). Cet officier remplit les fonctions de grand prévôt de l’armée, et il parcourt souvent les domaines de son Seigneur pour y distribuer la justice, au nom de son maître, ou y réprimer les attentats à la sûreté publique. Il est chargé de l’arrestation et de la garde des prison-