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DOUZE ANS DE SÉJOUR

rie, les cuisinières, les boulangères, les mouleuses, toutes les servantes de la cuisine, les femmes qui brassent la bière, celles qui délayent le miel pour l’hydromel, celles qui travaillent aux ouvrages de vannerie, les fileuses, enfin presque toute la domesticité proprement dite reçoit directement des ordres de lui. Il s’entend avec les deux sénéchaux pour distribuer les subsistances à tous ceux dont l’ordinaire a été fixé par le Polémarque ; il veille à tous les approvisionnements de bouche et à l’entretien du parc de vaches laitières et d’animaux pour la boucherie. Il est chargé des rations, de l’habillement et de la paye de tous les gens de service. Il est gouverneur des terres domaniales, et perçoit le tiers des amendes ou frais judiciaires qui proviennent des procès entre leurs habitants.

Il est aussi investi d’un fief important et revêtu d’une cotte-d’armes en soie ; il prend place au Conseil et au Lit de justice, où il siége à côté des sénéchaux. En outre des perceptions diverses que lui concède le Polémarque, il cumule une quantité de petits profits sous-entendus. Aux jours de festin, une longue verge à la main, et revêtu de sa cotte-d’armes, il se présente en cérémonie, suivi de tous les officiers de bouche et de leurs valets portant sur la tête les corbeilles de pain, des cuisinières avec leurs plats fumants, et d’une file de femmes chargées d’amphores d’hydromel, pendant que les timbaliers battent à la ripaille. Debout à l’extrémité de la table, il dirige l’ordonnance jusqu’à ce que le Dedjazmatch ait fini de manger ; alors il donne le signal à l’échanson en chef de faire verser l’hydromel, et il s’assied ensuite au fond de la salle, d’où il surveille tout le service. La plupart des gens de la domesticité