vassaux ou leurs alliés à se mesurer avec des forces ne dépassant pas quinze mille hommes. Du reste les armées nombreuses nuisent bien plus à l’Éthiopie par les dévastations qu’occasionnent leurs marches et par les déplacements d’autorité qu’entraîne la victoire, qu’elles ne se nuisent réciproquement par des faits de guerre proprement dits.
Dans un pays où l’on se sert principalement de l’arme blanche, et où les chevaux sont nombreux, la cavalerie prend naturellement toute son importance et donne pour ainsi dire le ton aux combats, même à ceux d’infanterie. Aussi, pour les indigènes, même pour ceux du Tegraïe, où les chevaux sont rares et les armes à feu communes, l’homme qui combat à cheval représente le type de l’homme de guerre. Quoiqu’ils redoutent les fusiliers, leur esprit se refuse à leur attribuer une efficacité d’action aussi grande qu’aux cavaliers, dont les moindres faits militaires ont d’ailleurs, à leurs yeux, un caractère de bravoure et de noblesse qu’ils sont loin d’attribuer aux faits accomplis au moyen d’armes à feu. On peut s’expliquer ainsi pourquoi, malgré l’introduction de ces armes, les fantassins ont continué de conformer leur tactique à celle du cavalier, et de pratiquer ces fuites et ces retours offensifs, très-appropriés à l’emploi des armes blanches, mais qui, au premier aspect, semblent ne donner lieu qu’à des simulacres de combats.
Comme on l’a vu, la tactique du cavalier est celle des Scythes, des Parthes et des Numides ; il dresse son cheval, comme ceux d’Énée loués par Homère, à suivre et à éviter l’ennemi, et s’il doit être hardi à l’attaque, il doit, comme le héros troyen, avoir aussi la science de la fuite.