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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

Je fis remarquer au Dedjazmatch que, dégarnis comme nous l’étions, trois cents cavaliers gallas, bien embusqués, pourraient nous enlever aisément, et que, bien que nombreux, nos soldats seraient impuissants à regagner le Gojam ; j’ajoutai qu’en Europe, une imprudence pareille nous perdrait infailliblement. Le Prince sourit de mes craintes et m’expliqua la façon dont il conduisait la guerre.

Les Gallas établis au sud de l’Abbaïe ne savent faire que la guerre d’escarmouches, leur morcellement en petites communautés hostiles les ayant accoutumés à des engagements, où souvent le nombre des combattants n’excède pas deux ou trois cents, et, dans aucun cas, ne dépasse cinq à six mille. Ils ignorent l’usage des armes à feu. Leur bouclier, rond comme celui des Gojamites, est plus convexe, un peu plus étroit et de meilleure qualité. Ils portent à la ceinture un coutelas légèrement courbe, à deux tranchants, dont la longueur varie entre 50 et 60 centimètres ; leur arme principale est une tragule ou javelot, à fer large, d’une longueur qui varie entre 2 mètres et 2 mètres 30. Ils excellent à lancer cette arme, que quelques-uns de leurs cavaliers envoient jusqu’à 90 mètres de distance, dans les combats de cavalerie, une distance de 40 à 50 mètres étant considérée parmi eux comme une portée ordinaire. L’armement supérieur des Gojamites, et surtout la vue de leurs bandes, relativement si nombreuses, les portent toujours à fuir. Mais lorsque les envahisseurs se dispersent pour le pillage, et surtout lorsqu’ils commencent à rentrer avec leur butin, ils font un retour offensif, et les harcellent jusqu’au camp, profitant, pour les accabler parfois, de leur ignorance du terrain. La sécurité des Gojamites dé-