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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

Quiconque s’était rendu remarquable pour avoir pénétré plusieurs fois le premier dans des lignes ennemies, recevait du chef d’armée une bande de la crinière d’un lion, qu’il avait le droit de fixer à l’umbon de son bouclier. Celui qui s’était distingué en couvrant une retraite, recevait une queue de lion qu’il portait également à son bouclier ; et celui qui avait tué un lion avait droit d’y accrocher également la peau d’une des pattes de devant armée de ses griffes.

Les chefs d’armée donnent aux combattants qui se distinguent des pèlerines de guerre faites en peau de lion, en peau de panthère noire, en velours bleu ou écarlate ou en drap de même couleur ; pour les hommes d’un rang élevé, ces pèlerines sont souvent chargées d’ornements en argent et en vermeil. Celui qui s’est distingué plusieurs fois en combattant avec le sabre, recevait un fourreau de sabre, garni de nombreuses bélières et d’une bouterolle en vermeil ; celui qui, dans un combat, a reçu un certain nombre de javelines sur son bouclier, a seul le droit d’y faire appliquer des ornements en cuivre ou en vermeil, comme aussi de porter suspendu, par un cordonnet en soie, au ceinturon de son sabre, un petit étui en argent orné de breloques. Cet étui remplace celui en peau renfermant une pincette terminée en lame de couteau, dont tous les Éthiopiens se servent pour extraire les épines de leurs pieds. Celui qui a tué un éléphant a le droit d’orner la douille de sa javeline d’une spirale de fil de laiton.

Telle était la valeur primitive attachée à ces décorations ; mais la plupart se trouvent démonétisées par suite de la prodigalité avec laquelle des chefs d’armée, peu certains de leur pouvoir, les ont distribuées à leurs soldats. Le brassard, le fourreau de sabre garni en argent, la demi-couronne, la