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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

près droit avec le corps ; cette disposition fort commode pour permettre le dégaînement d’une seule main, exposerait le cavalier qui dégaînerait de son flanc gauche à blesser le col de sa monture.

Les fusiliers sont armés du sabre ou du harpé et d’une carabine à mèche. Ils bouclent à la ceinture une cartouchière d’où pendent des mèches prêtes et un petit pulvérin en corne ; ils portent très-rarement un bouclier ; plusieurs sont munis d’un mince bâton garni à une extrémité d’une pointe en fer, et dont trois ou quatre branches, rognées à environ un pouce de la tige, leur servent à appuyer le canon de leur carabine, lorsqu’ils visent un objet éloigné ; les bons tireurs ne font usage de cet appui ou fourchette qu’à la chasse, ou lorsqu’au combat ils tirent d’une position couverte. Quelques-uns combattent à cheval, mais il en est très-peu qui soient à la fois assez bons cavaliers et tireurs pour tirailler de la selle ; ils mettent pied à terre, tirent et remontent aussitôt. Chaque fusilier fabrique lui-même sa poudre, qui est assez bonne ; mais comme ils n’ont pas de plomb, ils se servent de balles en fer forgé, d’une rotondité toujours imparfaite ; ces projectiles rendent d’ailleurs les rayures inutiles, le tir incertain, et détériorent l’âme de leur arme. Leurs carabines longues, lourdes et mal équilibrées, sont en général de vieilles armes de fabrique indienne, persane, turque ou kurde. La mise en bois, est faite dans le pays ; des attaches en cuir remplacent les capucines.

À l’exception des soldats les plus pauvres, l’homme de guerre est constamment suivi d’un servant d’armes, qui lui porte son bouclier et sa javeline, souvent un petit hanap ou corne à boire, et un enkassé ou fort bâton garni à une extrémité d’une douille en fer terminée par une forte pointe, et à l’autre d’une frette qui permet de