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DOUZE ANS DE SÉJOUR

nent à grand honneur d’offrir parfois du vin ou de l’eau-de-vie à leurs convives, n’eussent pris ces deux localités sous leur protection spéciale. Pour subvenir aux nécessités du culte, les prêtres cultivent bien quelques pieds de vigne dans l’enceinte de quelques églises, mais presque partout le vin de l’autel provient des raisins secs importés de l’Arabie.

Malgré les préceptes du Coran, mon drogman oublia toutes ses misères rien qu’à la vue de ces cornes, tant il avait de prédilection pour leur contenu ; néanmoins, après avoir bien admiré leurs proportions monstrueuses, je le chargeai de les reporter intactes chez le Prince, de lui assurer que je ne buvais ni vin ni eau-de-vie, mais que j’avais voulu retenir son cadeau quelques instants, pour conserver sous mes yeux la preuve sensible des attentions dont il m’honorait.

Mon drogman, boudant sa soif, me rapporta une réponse des plus aimables. Le Lik Atskou m’arriva de chez le Prince ; il rayonnait de satisfaction ; on lui assigna une tente voisine de la mienne ; nous soupâmes de compagnie et nous nous endormîmes le plus gaîment du monde.

Dans la matinée du lendemain, le Prince me fit dire qu’il pouvait me recevoir. Son camp ressemblait par sa disposition à celui du Dedjadj Oubié : une agglomération de cercles de différentes grandeurs formés par les huttes des soldats, autour de leurs chefs respectifs ; au centre de cet assemblage, le cercle du Dedjazmatch, beaucoup plus large que les autres et servant comme de place d’armes ; au milieu de cette place s’élevait une hutte spacieuse, flanquée de deux tentes ou pavillons, l’une blanche, l’autre, moins grande, rayée de bleu et faite, me dit-on, de ceintures prises sur l’ennemi dans une récente campagne au sud du Gojam ; quelques