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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

— Mon Seigneur voudrait faire revenir l’eau à la rivière ; les carabines ne viennent-elles pas du pays de cet étranger ?

— C’est juste, dit le Ras.

Et s’adressant à moi :

— Je suis disposé à ne te rien refuser. Penses-y, et demande-moi ce que tu voudras.

Là-dessus, il reprit sa conversation avec ses favoris.

Nous étions dans une maison plus vaste que celle de la Waïzoro, et construite sur le même modèle. Quatre chevaux, attachés dans les entre-colonnements, la tête tournée vers le centre de la maison, jouaient avec l’herbe amoncelée devant eux ; je leur tournais le dos ; l’un d’eux, qui me flairait amicalement depuis mon entrée, finit par happer mon turban, et s’ébroua en l’emportant dans ses dents ; je ressaisis prestement ma coiffure.

— Très-bien ! dit le Ras en riant ; il ne craint donc pas les chevaux ?

Cet incident rétablit la conversation avec moi. Le Ras passait pour un des plus fins connaisseurs en chevaux ; il s’intéressa à ce que je lui dis de l’équitation et de l’élève des chevaux en Europe et en Arabie, et il me congédia enfin, en me recommandant de revenir le voir le lendemain.

Un huissier nous fit donner une maison ; le Lik s’y établit avec nous. Dans la soirée, je descendis sur le champ de manœuvre ; le Ras, sans toge, et vêtu seulement de haut de chausses et d’une petite ceinture, y jouait au mail ; un triquet recourbé à la main, il courait pieds nus après le tacon, en se bousculant avec les plus humbles de ses soldats. En raison même de l’élévation de leur pouvoir, les