intelligence ou des passions actives, mais une grande bienveillance que semblaient confirmer ses manières. Il me considéra avec curiosité et me demanda tout d’abord mon âge.
— Voici le quatrième Cophte que je vois, dit-il ; celui-ci du moins pourrait être mon compagnon : nous avons même âge, et il ne me fait pas peur comme cet autre avec ses yeux garnis d’un vitrage.
Il me pria si courtoisement d’ôter mon turban, que j’y consentis, et il exprima son contentement de ce que je n’avais pas les cheveux roux, comme tous mes compatriotes, disait-il. Selon l’usage, je me levai, et, prenant des mains de mon drogman une pièce de mousseline pour turban, je l’offris au Ras. Ce présent, d’une médiocre valeur pour le pays, fut reçu avec la plus grande courtoisie. Je lui dis que si j’étais resté si longtemps dans sa ville de Gondar sans venir lui présenter mes hommages, c’est que j’avais toujours compté sur le départ de la caravane pour l’Innarya, qui, selon l’habitude, devait passer non loin de Dabra Tabor.
— Innarya est bien loin, dit-il, et tu auras à traverser des contrées bien barbares. Arrête-toi ici ; vis avec moi ; tu auras des chevaux, une femme, des pays à gouverner, des fusiliers pour te précéder et de braves cavaliers pour te faire escorte. Reste, et sois un frère pour moi.
Je me confondis en remercîments et je promis de revenir après avoir exécuté les projets d’exploration arrêtés avec mon frère. Il voulut me faire présent d’un cheval, d’une mule, d’une carabine à mèche. La proposition de ce dernier objet fit dire à son oncle le Dedjadj Béchir, musulman renommé pour ses exploits de guerre et sa grande beauté physique :