périeur nous disait qu’il ne savait à qui nous adresser, lorsqu’on frappa discrètement à la porte du parloir.
— Voici justement, reprit-il en nous désignant celui qui entrait, le Père Giuseppe Sapeto, de la Congrégation des Lazaristes ; il a étudié l’arabe en Syrie, où il vient de séjourner comme missionnaire, et il pourra peut-être nous donner un bon conseil.
Le Père Sapeto était jeune ; sa figure avenante prévenait en sa faveur ; il s’assit à côté de moi, et notre conversation eut bientôt dépassé le but de ma visite. Je lui appris que nous comptions aller dans la Haute-Éthiopie, dont les lois excluaient, sous peine de mort, tout missionnaire catholique ; que plus de deux siècles auparavant ces lois avaient fait de nombreux martyrs parmi les missionnaires jésuites et franciscains[1] ; et comme il regrettait de ne pouvoir marcher sur leurs traces, je lui proposai de partir prochainement avec nous. Mon frère trouva heureuse l’idée de faire notre voyage, croix et bannière en tête ; le Père Sapeto demanda la nuit pour réfléchir, et nous nous séparâmes sans nous douter de combien d’événements notre conversation fortuite serait l’origine.
Le lendemain, il nous avoua que les difficultés matérielles l’arrêtaient ; nous lui offrîmes de le défrayer, de lui procurer les vêtements sacerdotaux qui lui manquaient : il accepta, et il fut convenu qu’il écrirait à ses supérieurs en Europe, afin d’obtenir leur approbation et les moyens de pourvoir ultérieurement à la Mission, si elle devait offrir des chances de succès.
L’Anglais avait fait les campagnes de Portugal en qualité de volontaire dans la cavalerie de Don Pedro ;
- ↑ Les missionnaires catholiques ont été expulsés d’Éthiopie en 1629.