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Angélique. — Ah ! Dieu ! qu’il a fallu d’adresse pour cacher cela comme on a fait, et pour empêcher qu’il ne fût su du dehors ! L’évêque lui-même n’en a eu la connaissance que lorsqu’on ne pouvait plus en donner de preuve. Cela me fait souvenir d’un jésuite italien qui, confessant un jour un jeune gentilhomme français qui avait appris la langue du pays, fit une exclamation, sans y penser, qui fit paraître sa faiblesse. Le pénitent s’accusait d’avoir passé la nuit avec une fille des premières maisons de Rome, et d’en avoir joui selon ses désirs. Le bon Père, regardant attentivement celui qui lui parlait, qui était beau garçon et très bien fait, s’oublia du lieu qu’il occupait, et s’imaginant être dans une conversation libre, tant il était transporté, il demanda au jeune homme si cette fille était belle, quel âge elle pouvait avoir et combien il l’avait fait avec elle ? Le Français ayant répondu qu’il l’avait trouvée d’une beauté achevée, qu’elle n’avait que dix-huit ans, et qu’il l’avait baisée trois fois : Ah qual gusto ! signor, s’écria t-il pour lors assez hautement, c’est-à-dire : Ah ! que ce plaisir était grand !

Agnès. — Cette saillie n’était pas mal plaisante, et très capable d’exciter le cœur du pénitent à la repentance d’une telle faute.

Angélique. — Que veux-tu ! ce sont des hommes comme les autres. Et j’ai oui dire à un de mes amis qui était dans ces sortes d’emplois, que souvent un confesseur ne s’exposerait pas tant à l’in-