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Ève dans le paradis terrestre durant l’état de son innocence.

Agnès. — Ne fut-elle point découverte ?

Angélique. — Tu l’apprendras présentement. Un soir que Scolastique se rafraîchissait à l’ordinaire, une ancienne qui n’était pas encore endormie, ayant entendu marcher dans le dortoir à une heure que, selon la coutume, toutes les religieuses devaient être retirées, sortit de sa chambre et après avoir cherché inutilement la personne qu’elle avait entendue, elle entra dans le lieu où l’on prenait le bain, et elle y aperçut aussitôt, au clair de la lune, une religieuse toute nue qui s’essuyait avec une serviette, étant prête à reprendre sa chemise. La bonne vieille, pensant que c’était l’abbesse, se retira promptement en demandant excuse de s’être ainsi avancée. Scolastique, qui ne répondit rien, connut bien que cette bonne mère s’était trompée, et l’avait prise pour une autre. Elle s’en alla, après avoir donné le temps à l’autre de se retirer, et ne pensa plus à y revenir une autre fois, de crainte d’être découverte.

Agnès. — Est-ce là où tout se termina ?

Angélique. — Non. Les fesses de la pauvre Scolastique en auraient été bien aises.

Agnès. — Comment ! cette belle enfant reçut-elle quelque déplaisir ?

Angélique. — Le vénérable mère dont je t’ai parlé, ayant réfléchi le matin sur ce qu’elle avait vu le soir précédent, crut qu’il était à propos