Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

particulière à observer, sans laquelle il devait être inutile. Il fallait, le soir de la veille qu’on le devait prendre, le préparer entièrement et laisser reposer l’eau toute la nuit jusqu’au lendemain, qu’on pouvait à certaines heures se mettre dedans. Les odeurs et les essences n’y étaient point épargnées, on les y répandait avec profusion, et tout ce qui pouvait flatter la sensualité de madame entrait dans sa composition.

Agnès. — Ce sont les médecins qui, par une fausse complaisance, entretiennent ainsi le faible des personnes.

Angélique. — Quoi qu’il en soit, une jeune religieuse de la maison, appelée sœur Scolastique, et de l’âge de dix-huit ans, voyant tous ces grands préparatifs pour madame et s’apercevant que le bain était en état dès le soir, forma le dessein, tant pour se soulager de l’incommodité de la saison que de sa chaleur intérieure, qui n’était pas médiocre, de se servir de l’occasion et de faire tous les soirs l’épreuve de ce salutaire lavabo. En effet, elle n’y manqua pas pendant huit jours et trouva que cela donnait du lustre à son embonpoint et qu’elle en reposait mieux. Elle sortait de sa chambre sur les neuf heures, et presque nue, en chemise, s’en allait dans le lieu où tout était disposé : elle se défaisait bientôt de sa jupe et de sa chemise, et ainsi toute nue se mettait dans la cuve, où elle se nettoyait et se frottait de tous côtés, d’où elle sortait après aussi nette, aussi pure qu’était