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reuses qui ne pouvaient lui manquer, si elle se servait des avantages qu’elle possédait. Il la prit en même temps par la main, qu’il lui serra amoureusement, en la regardant avec un sourira qui devait lui faire connaître la disposition du cœur de son juge.

Agnès. — Ne se servit-elle pas de ce qu’elle pouvait avoir d’engagement pour se tirer du danger où elle était ?

Angélique. — Non ; elle prit une conduite tout opposée à celle qu’elle devait suivre : elle s’imagina que c’était pour l’éprouver que son provincial lui parlait de la sorte, et qu’il n’avait point d’autre dessein que de juger par sa faiblesse de ce qu’elle avait été capable de faire avec l’autre. Sur ce mauvais fondement, elle ne répondit à celui qui brûlait d’amour pour elle que par des froideurs et des paroles plus qu’indifférentes, qui changèrent le cœur de ce passionné et qui d’un tendre amant en firent un juge implacable. Il procéda donc selon les formes à l’instruction du procès de Cécile ; il reçut les dépositions que la jalousie et la flatterie mirent dans la bouche de plusieurs de ses compagnes, et condamna cette pauvre enfant à être fouettée jusqu’au sang, à jeûner dix vendredis au pain et à l’eau, et à être exclue du parloir pendant six mois ; tellement qu’on peut dire qu’elle fut punie pour avoir été trop sage et pour ne s’être pas laissée corrompre à la brutalité de son supérieur.

Agnès. — Oh ! Dieu ! que cela me touche ! Je