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Angélique. — Tu te trompes ; il n’y a rien de plus véritable, et plusieurs graves auteurs écrivent qu’il avait coutume de coucher avec ses religieuses afin de les éprouver, et de remarquer en même temps, dans sa personne, jusques où pouvaient aller les forces de la vertu qui combat les tentations de la chair. Il croyait beaucoup mériter par là, et c’est ce qui a donné lieu à Godefroid de Vendôme de traiter cette dévotion de plaisante et de ridicule dans une lettre qu’il écrit à saint Bernard, où il appelle cette ferveur un nouveau genre de martyre. Cela a empêché jusques à présent que cet homme n’ait été mis au rang des saints par la cour de Rome. On le traite néanmoins de bienheureux.

Agnès. — Il faut avouer qu’il y a bien des abus qui se pratiquent dans notre religion, et je ne suis plus surprise de ce que tant de peuples s’en sont séparés, pour s’attacher littéralement aux Écritures. Le Père feuillant que je vis pendant la retraite me fit remarquer visiblement tous les endroits défectueux du gouvernement présent, pour ce qui regarde la religion. C’est un homme qui, pour sa jeunesse (car il n’a que vingt-six ans), possède toutes les sciences qui peuvent rendre une personne accomplie, de quelque caractère qu’elle soit. Il parle universellement de toutes choses, mais avec un air dégagé et qui n’a rien de pédantesque.

Angélique. — Je vois bien qu’il te plut. Il est