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nement, et de lui faire connaître qu’il y avait de l’excès dans ses transports : ce qui fit qu’il y apporta un peu de modération. Il m’a rendu trois visites pendant ta retraite, et, à la dernière, il obtint peu de chose de moi, parce que le parloir où nous étions n’avait pas les commodités de l’autre. Je te dirai seulement qu’il m’apprêta bien de quoi rire, en ce qu’ayant par ses efforts ébranlé une barre de fer de la grille, et croyant s’être fait un chemin assez large pour y passer, il s’y hasarda malgré moi, mais il n’en put venir à bout, d’autant qu’ayant passé la tête et une des épaules avec bien de la difficulté, son capuchon s’accrocha à une des pointes du dehors, tellement qu’il avait beau se remuer, il ne pouvait se débarrasser de ce piège. Je ne le pouvais contempler dans cette posture sans éclater de rire. Je le fis promptement repasser de son côté, et lui fis remettre la grille dans son premier état. Il me donna trois ou quatre livres dont il m’avait parlé dans sa première visite, et se retira mal satisfait de son aventure.

Angélique. — Je suis fâchée de ce désordre ; car sans doute cela l’aura rebuté.

Agnès. — Rebuté, bon Dieu ! vraiment, c’est bien un homme à se rebuter ! Il n’y a rien de plus effronté que lui : oh ! il sera ici avant la fin de la semaine ; il m’a promis le Recueil des amours secrètes de Robert d’Arbrissel. Il m’en commença l’histoire : mais je la crois fausse et controuvée à plaisir.