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le plus ignorant de son caractère. Je crois qu’il m’a fait gagner toutes les indulgences et les pardons qui ont jamais été accordés par les papes, depuis Grégoire le Grand jusqu’à Innocent XI. Si je l’avais cru, je me serais mis le corps en sang par les disciplines qu’il m’a ordonnées : ce n’est pas que je lui aie fait montre de beaucoup de malice dans les confessions qu’il a entendues de moi ; mais c’est parce qu’il s’imagine que pour être dans le chemin du paradis, il faut être aussi sec, aussi maigre et aussi décharné que lui, et que c’est assez que d’être un peu agréable et d’avoir de l’embonpoint pour mériter toutes sortes de pénitences. Juge par là comme j’ai passé mon temps, et si je n’ai pas eu sujet de m’ennuyer.

Agnès. — Pour moi, je te dirai que tu m’as donné des directeurs qui ne m’ont guère moins fatiguée que le tien. Je ne sais pas si j’ai gagné avec eux des indulgences, mais je suis certaine que pour les gagner, beaucoup de personnes n’en font pas tant que nous en avons fait.

Angélique. — Je n’en doute point. Mais dis-moi un peu des nouvelles de notre abbé, et m’apprends s’il est capable de quelque chose.

Agnès. — Ce fut lui que je vis le premier, et en qui j’ai trouvé le plus de feu : il n’y a rien de plus animé, et il y a plaisir à l’entendre discourir. J’étais à la récréation d’après le dîner lorsqu’on vint m’avertir qu’il me demandait. Comme je savais que madame était indisposée, je lui fis dire