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ce qu’un jour de jeûne le portier des Jésuites était de mauvaise humeur, pour n’avoir peut-être pas vidé sa roquille à l’ordinaire ; la tourière, qui avait une infinité de commissions, et entre autres celle du bonnet, sonna deux ou trois fois à la porte du collège pour se décharger au plus tôt de son message. Ce bon frère partit du jardin où il était, et, étant arrivé hors d’haleine, pensant que ce fût quelque évêque ou archevêque, ou quelque autre grandeur qui eût ainsi sonné en maître, il fut bien surpris à la vue de la bonne sœur, qui n’avait rien autre chose à lui dire que de remettre le bonnet carré entre les mains du Père de Raucourt. Ce demi-cuistre, rabattu par tant de visites qui ne lui plaisaient pas, s’emporta de colère et dit que ce bonnet-là se promenait trop souvent et qu’il le mettrait en la disposition d’un homme qui lui ferait faire un peu de retraite. La tourière, s’excusant le mieux qu’il lui fut possible, se retira ; le recteur, qui attendait un compagnon dans la porterie pour sortir, ayant entendu le dialogue, appela le frère et voulut apprendre le sujet du différend et pourquoi il traitait ainsi rudement les personnes qui avaient affaire à ceux de la maison. Celui-ci, se voyant chapitré de son supérieur, lui dit tout ce qu’il pensait de ce bonnet, l’assura qu’il avait déjà fait près de vingt tours et retours du collège au monastère, que, sans doute, il y avait quelque dessein caché dans ces manières et que, s’il plaisait à sa révérence, il visiterait cette pièce, qu’il