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lieu, qu’il ferma le mieux qu’il put avec deux ou trois points d’aiguille. Il revint joindre la tourière, qu’il pria de reporter le bonnet afin qu’on le raccommodât, parce qu’il était de beaucoup trop étroit pour lui, qu’il l’avait fait essayer à plusieurs de la maison afin d’exempter la personne de la peine qu’elle aurait à le reformer, mais qu’il ne s’était trouvé aucun Père à qui il fût propre ; qu’au reste il lui était fort obligé de la patience qu’elle avait eue d’attendre si longtemps. La bonne sœur répondit par ses révérences aux civilités du Père et remporta le bonnet carré au monastère ; elle le remit, par l’ordre de celle qui l’avait envoyé, entre les mains de Virginie, qui fut ravie d’y apprendre des nouvelles de celui qu’elle aimait, et de son artifice, qui avait si bien réussi.

Agnès. — Il faut avouer que l’amour est bien inventif !

Angélique. — Ce commerce dura plus d’un mois. Il y avait toujours quelque chose à refaire à ce vénérable bonnet ; de trois jours l’un, il fallait le porter au collège et le rapporter au monastère. Personne ne s’imaginait néanmoins qu’il y eût rien de mystérieux dans une semblable chose ; on n’y prenait pas garde, et ils auraient pu encore se servir de ce postillon, sans l’accident qui le cassa aux gages.

Agnès. — Oh ! Dieu ! je m’imagine que le pot aux roses fut découvert par la tourière.

Angélique. — Non, tu te trompes. Cela vint de