Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui la surpassait en tout, elle ne fit point dessein de s’attaquer à elle ; mais elle jura la perte de celui qui la méprisait.

Pour venir plus facilement à bout de son entreprise, elle étudia les heures et les moments que Virginie donnait à l’entretien de ce religieux amant ; et comme elle avait appris par expérience qu’il ne se contentait pas de paroles ni de faveurs légères, elle crut avec raison qu’elle pourrait les surprendre dans de certains exercices dont la connaissance la rendrait maîtresse du sort de son infidèle. Elle fut longtemps devant que de rien découvrir d’assez fort pour éclater : elle aperçut bien deux ou trois fois ce pauvre Père qui se réchauffait la main dans le sein de Virginie ; elle les vit se donnant quelques baisers avec une ardeur incroyable ; mais cela passait pour bagatelles dans son esprit, et, comme elle savait qu’on ne comptait dans le cloître ces sortes d’actions que pour des peccadilles que l’eau bénite efface, s’en tut, en attendant une meilleure occasion de parler.

Agnès. — Ah ! que je crains pour la pauvre Virginie !

Angélique. — Nos amants, qui ne se doutaient point des embûches qu’on leur dressait, ne prenaient point de mesures pour s’en défendre. Ils se voyaient deux ou trois fois la semaine, et s’écrivaient des billets lorsque la prudence les obligeait à se séparer pour quelque temps l’un de l’autre,