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Angélique. — Hélas ! tu peux la considérer aussi bien que le reste : s’il y a du mal à cette occupation, il n’est préjudiciable à personne et ne trouble aucunement la tranquillité publique.

Agnès. — Comment pourrait-il la troubler, puisque nous n’en faisons plus une partie ? outre que les fautes cachées sont à demi pardonnées.

Angélique. — Tu as raison, car si l’on pratiquait dans le monde autant de crimes, pour parler conformément à nos règles, comme il s’en commet dans les cloîtres, la police serait obligée d’en corriger les abus et couperait le cours à tous ces désordres.

Agnès. — Je crois aussi que les pères et mères ne permettraient jamais l’entrée de nos maisons à leurs enfants, s’ils en connaissaient le déréglement.

Angélique. — Il n’en faut pas douter ; mais comme la plupart des fautes y sont secrètes, et que la dissimulation y règne plus qu’en aucun endroit, tous ceux qui y demeurent n’en aperçoivent pas les défauts, mais servent eux-mêmes à engager les autres, outre que l’intérêt particulier des familles l’emporte souvent sur beaucoup d’autres considérations.

Agnès. — Les confesseurs et les directeurs des cloîtres ont un talent particulier pour faire aller dans leurs filets de pauvres innocentes, qui tombent dans un piège en pensant trouver un trésor.

Angélique. — Il est vrai, et je l’ai éprouvé en ma