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innocent outragé ? Oh Dieu ! comme tu le manies ! Laisse-le en repos, afin qu’il reprenne son premier teint, et qu’il se défasse de ce coloris étranger. Quoi ! tu le baises ?

Angélique. — Ne t’y oppose pas, mon enfant ; j’ai l’âme du monde la plus compassive, et comme c’est une œuvre de miséricorde de consoler les affligés, je crois que je ne saurais leur faire trop de caresses pour dignement m’acquitter de ce devoir. Ah ! que tu as cette partie bien formée ! et que la blancheur et l’embonpoint qui y paraissent lui donnent d’éclat ! J’aperçois aussi un autre endroit qui n’est pas moins bien partagé de la nature, c’est la nature même.

Agnès. — Retire ta main, je te prie, de ce lieu, si tu ne veux y causer un incendie qui ne pourrait pas s’éteindre facilement. Il faut que je t’avoue mon faible : je suis la fille la plus sensible qui se puisse trouver, et ce qui ne causerait pas à d’autres la moindre émotion me met souvent tout en désordre.

Angélique. — Quoi ! tu n’es donc pas si froide comme tu voulais me persuader au commencement de notre conversation ! et je crois que tu feras aussi bien ton personnage qu’aucune que je connaisse, quand je t’aurai mise entre les mains de cinq ou six bons frères. Je souhaiterais pour ce sujet que le temps de la retraite, où je vais entrer selon la coutume, pût se différer, afin de me trouver avec toi au parloir. Mais il n’importe, je m’en