Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Agnès. — Obligez-moi, sœur Angélique, de me donner une idée parfaite de cette belle conduite ; croyez que je suis entièrement disposée à vous entendre et à me laisser persuader par raisonnements, lorsque je ne pourrai les détruire par de plus forts. La promesse que je vous avais faite de me découvrir toute à vous n’en sera que mieux observée, parce qu’insensiblement dans mes réponses qui partageront notre entretien, vous remarquerez sur quel pied l’on m’a établie, et vous jugerez, par l’aveu sincère que je vous ferai de toutes choses, du bon ou du mauvais chemin que je suivrai.

Angélique. — Mon enfant, tu vas peut-être être surprise des leçons que je vais te donner, et tu seras étonnée d’entendre une fille de dix-neuf à vingt ans faire la savante, et de la voir pénétrer dans les plus cachés secrets de la politique religieuse. Ne crois pas, ma chère, qu’un esprit de vaine gloire anime mes paroles : non, je sais que j’étais encore moins éclairée que toi à ton âge, et que tout ce que j’ai appris a succédé à une ignorance extrême ; mais il faut que je t’avoue aussi qu’il faudrait m’accuser de stupidité, si les soins que plusieurs grands hommes ont pris à me former n’avaient été suivis d’aucun fruit, et si l’intelligence qu’ils m’ont donnée de plusieurs langues ne m’avait fait faire quelque progrès, par la lecture des bons livres.

Agnès. — Ma chère Angélique, commencez, je