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rien de plus doux dans ce monde que d’avoir une véritable amie, qui puisse être la dépositaire de nos secrets, de nos pensées et de nos afflictions même. Ah ! que des ouvertures de cœur sont soulageantes dans de semblables occasions ! Parle donc, ma mignonne ; je vais m’asseoir sur ta couche près de toi : il n’est pas nécessaire que tu t’habilles, la saison te permet de rester comme tu es ; il me semble que tu en es plus aimable, et que plus tu approches de l’état où la nature t’a fait naître, tu en as plus de charmes et de beauté. Embrasse-moi, ma chère Agnès, devant que de commencer, et confirme par tes baisers les protestations mutuelles que nous nous sommes données de nous aimer éternellement. Ah ! que ces baisers sont purs et innocents ! Ah ! qu’ils sont remplis de tendresse et de douceur ! Ah ! qu’ils me comblent de plaisir ! Un peu de trêve, mon petit cœur, je suis toute en feu, tu me mets aux abois par tes caresses. Ah Dieu ! que l’amour est puissant ! et que deviendrai-je, si de simples baisers me transportent et m’animent si vivement ?

Agnès. — Ah ! qu’il est difficile de se contenir dans les bornes de son devoir, lorsque nous lâchons tant soit peu la bride à cette passion ! Le croiriez-vous, Angélique, que ces badineries, qui, dans le fond, ne sont rien, ont agi merveilleusement sur moi ? Ah ! ah ! ah ! laissez-moi un peu respirer ; il semble que mon cœur est trop resserré à présent ! Ah ! que ces soupirs me soulagent ! Je commence à