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moi, et si tu as sujet de craindre d’une amie ? Je ne t’ai dit cela que dans le dessein de te faire bien d’autres confidences de mon côté. Vraiment, ce sont là de belles bagatelles ! les plus scrupuleuses les mettent en usage, et cela s’appelle, en termes claustraux : l’Amusement des jeunes et le passe-temps des vieilles.

Agnès. — Mais encore, qu’avez-vous donc aperçu ?

Angélique. — Tu me fatigues par tes manières. Sais-tu bien que l’amour bannit toute crainte, et que si nous voulons vivre toutes deux dans une intelligence aussi parfaite que je le désire, tu ne me dois rien céler, et je ne dois rien avoir de caché pour toi. Baise-moi, mon cœur. Dans l’état où tu es, une discipline serait d’un bon usage pour te châtier du peu de retour que tu as pour l’amitié qu’on te marque. Ah Dieu ! que tu as d’embonpoint ! et que tu es d’une taille proportionnée ! Souffre que…

Agnès. — Ah ! de grâce ! laissez-moi en repos ; Je ne puis revenir de ma surprise ; car, de bonne foi, qu’avez-vous vu ?

Angélique. — Ne le sais-tu pas bien, sotte, ce que je puis avoir vu ? Je t’ai vue dans une action où je te servirai moi-même si tu veux, où ma main te fera à présent l’office que la tienne rendait tantôt charitablement à une autre partie de ton corps. Voilà le grand crime que j’ai découvert, que madame l’abbesse D. L. R. pratique, comme elle dit, dans ses divertissements les plus inno-