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leine, je ne puis ni me rassasier ni me lasser de tant d’attraits. Ta bouche, ta gorge, ton sein m’ont mise hors de moi-même. Je te vois là de grands yeux bleus admirablement bien fendus et à fleur de tête, qui sont capables de commettre mille et mille assassinats. Tous les traits de ton visage sont tellement faits l’un pour l’autre qu’il n’est rien de plus régulier. Ton teint, le plus uni de tous les teints et tout ensemble le plus fin, est un composé de lis et de roses qui font le plus bel incarnat du monde. Le vermeil de tes lèvres et la blancheur de tes dents donnent à tout cela un relief qui enchante. Tu as les bras faits au tour et les plus belles mains qui se puissent voir. J’ai lu quelque part que le divin Platon souhaitait un jour d’être tout yeux comme le ciel étoilé, pour mieux contempler les diverses beautés de sa maîtresse, et moi je voudrais être toute bouche pour pouvoir baiser toutes les tiennes à la fois. Il y a de la perte à n’en jouir qu’en détail. Que n’aurais-je point à dire de ces belles parties qui ensorcellent les cœurs, qui sont le rendez-vous des plaisirs et où se trouve le centre de la volupté ? Quand Vénus t’aurait fait présent de sa ceinture, tu ne pourrais être plus aimable que tu l’es. Ton petit pied et ta petite jambe ont de quoi faire naître sur tes pas des amours sans nombre, et ton éclatante blancheur de quoi les fixer pour toujours à ton service. Où est le peintre, soit ancien, soit moderne, dont le savant pinceau puisse jeter sur la toile une