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félicité digne d’envie dans nos mutuels embrassements :


Y vivre avecque toi dans une paix profonde
Et ne compter pour rien tout le reste du monde.


Là je plaindrais, dans un bonheur sans fin, les pauvres mortelles dont les jouissances sont si courtes et les plaisirs si imparfaits ; ou, pour mieux dire, goûtant là à longs traits le souverain bien des immortelles, j’oublierais toutes les autres jouissances pour m’occuper uniquement de la nôtre, et m’abandonner dans ton sein aux transports infinis d’un amour toujours tendre, toujours ardent et toujours satisfait. Quel charme pour moi qui t’aime tant, ma sœur, de me pouvoir transporter avec toi dans ce jour de délices par un consentement des immortelles qui nous disent :


Ite, ite, ô puer ! pariter sudate medullis
Omnibus.


Et qui plus est, durant les siècles des siècles, sans aucune interruption et sans le moindre refroidissement. Mais quittons la chimère pour la réalité, et toi, ma mignonne, fais surséance à tes vives cajoleries ou plutôt à tes tendres emportements, pour me laisser en pleine liberté de te faire les doux épanchements de cœur que tu attends de moi.

Séraphique. — Eh bien ! soit, mon bel ange,