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demeurer là, lui représenta doucement qu’il fallait qu’elle le souffrît, qu’elle devait subir cet examen, et qu’elle n’aurait pas plus d’avantage que les sœurs professes qui avaient passé par là. Quelques-unes dirent alors qu’elles ne seraient pas fâchées qu’on laissât Marine en repos, et qu’elle pouvait jouir sans qu’on lui portât envie du privilège de n’être point visitée. « C’est un beau plaisir, dit une autre, pour des religieuses, de voir le corps sale et crasseux d’une vilaine servante ! » Tout cela ne faisait qu’augmenter la curiosité de l’abbesse et confirmer ses soupçons. Elle remarqua en même temps que Pasithée était plus morte que vive, et que Catherine, Colette et moi paraissions fort inquiètes. « Eh bien ! dit-elle, pour vous épargner la vue du corps de cette servante, vous n’avez qu’à fermer les yeux, et je m’en vais procéder à la visite. » En disant cela, elle prit le cierge des mains de Madelon et lui commanda de se tenir à l’écart. Le pauvre Marin faisait tout ce qu’il pouvait pour cacher ce que la nature lui avait donné, et la peur où il était alors lui était d’un grand secours ; mais la peur peut bien transir nos membres, non pas les anéantir. Enfin il se tenait comme un chien qu’on menace du bâton, qui cache sa queue entre ses jambes. J’oubliais de te dire que Marin, pendant que l’abbesse et les religieuses étaient dans cette plaisante contestation, prit une de ses jarretières, dont il fit une espèce de bride, qu’il attacha au bout de son fait, et le faisant passer par-des-