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du cloître, et qu’une fille qui n’était pas de leur société, ni même leur domestique, ne devait pas avoir connaissance du soupçon où l’on était qu’un homme fût entré dans le couvent. « Il en sera ce qu’il pourra, dit l’abbesse, mais Marine subira l’examen comme les autres, et même avec plus de rigueur, puisque, de l’aveu de Pasithée, elle est entrée cette nuit même dans sa chambre. » À ces terribles paroles, Pasithée faillit tomber morte aux pieds de l’abbesse. Enfin on entre dans la chambre de Marine, dont la porte, étant sans verrouil, ne se fermait qu’avec un loquet. Qui pourrait exprimer la surprise de Marin de voir entrer Madelon un cierge à la main et l’abbesse avec plus de vingt religieuses toutes en chemise ! Cet appareil, qui avait quelque chose de funèbre, l’étonna d’abord ; ce que l’abbesse ayant remarqué, elle lui dit : « Marine, n’ayez point de peur : ce n’est qu’une petite formalité qui nous amène ici. Nous cherchons un homme qui est caché céans, et comme la nuit tous les chats sont gris, et qu’il n’est rien qui ressemble mieux à un chat qu’une chatte, il faut voir si tu es mâle ou femelle, car, comme tu sais, l’habit ne fait pas le moine. Nous voyons bien que tu as une robe de femme, mais nous voulons voir si tu l’es depuis les pieds jusqu’à la tête. » Marine répondit tout en grondant qu’on la laissât dormir, qu’ayant travaillé tout le jour, elle avait besoin de repos, et qu’elle n’était pas d’humeur à entendre ces fredaines. L’abbesse, qui n’en voulait pas