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Madelon tenant un cierge à la main, elle alla frapper à la porte de Catherine, qui, s’étant déjà éveillée au bruit que nous avions fait nous vint ouvrir en diligence. L’abbesse lui fit le même compliment qu’elle avait déjà fait à Pasithée, et la visitant à son tour, elle ne la trouva pas plus nette que l’autre, quoique les traces n’en fussent pas si récentes. « Oh ! oh ! dit-elle, c’est un loup qui fréquente céans depuis plusieurs jours, et qui sait déjà les êtres du logis ; continuons à le suivre à la piste : nous l’attraperons enfin. » Après cela elle sortit de la chambre de Catherine, qui eut ordre de se joindre à nous. Et allant ainsi de chambre en chambre, notre troupe grossissait, et madame trouvait toujours de nouvelles traces de son loup. « Voilà, dit-elle, une bête bien affamée et qui aime bien à changer de gîte ! » Après cela, elle nous dit une chose à laquelle nous ne nous serions jamais attendues. « Vous savez, dit-elle, mes filles, que Satan se change quelquefois en ange de lumière, et que les loups ravissants prennent quelquefois la peau des brebis. Il faut voir si quelqu’une de nous ne serait pas ce loup travesti, qui fait tout ce ravage dont vous avez vu les marques

car si ce n’était pas un loup déguisé, il n’aurait pas le loisir de faire tout ce qu’il fait. » En disant cela, elle retroussa sa chemise et nous fit voir tout ce que Dieu lui avait donné. « Vous voyez, nous dit-elle en nous montrant un corps blanc comme la neige, que je suis un ange de