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se servit du moyen le plus bizarre qui puisse tomber dans l’esprit d’une vieille mélancolique.

Agnès. — Achève donc, je t’en prie, ton récit ; j’en attends la fin avec impatience.

Angélique. — La première chose que fit notre abbesse fut de s’assurer de Colette et de moi, et de nous ordonner de nous tenir près d’elle jusqu’à ce qu’elle eût achevé ce qu’elle avait dessein de faire.

Agnès. — Elle craignait sans doute que vous n’allassiez avertir les autres de se tenir sur leurs gardes ou que vous fissiez sauver le voleur.

Angélique. — Justement.

Agnès. — La fine matoise !

Angélique. — Elle alla frapper d’abord à la chambre de Pasithée, qui, faisant semblant de dormir, fut quelque temps à répondre. Enfin voyant qu’on continuait de frapper, et entendant la voix de madame, elle se leva promptement du lit et nous vint ouvrir la porte. L’abbesse lui dit d’un ton résolu qu’elle voulait faire à l’heure même une visite générale de tout le couvent, et qu’elle était assurée qu’il y avait un homme qui s’était caché en quelque part. Pasithée, paraissant toute surprise de ce que l’abbesse venait de dire, fit cinq ou six signes de croix, et dit plus de vingt fois Jésus Maria ! L’abbesse, faisant toujours son chemin, voulut regarder son lit et visiter sœur Pasithée depuis la tête jusqu’aux pieds. Elle fit tant, regardant tantôt les draps, tantôt la chemise,