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querelle, qui leur fit prendre un fourreau pour une épée.

Angélique. — Il en fut de même de nos religieuses, lorsqu’elles croyaient de tenir Marin. Leur dispute s’échauffa si fort que l’abbesse entendit tout ce vacarme. Comme elle avait une longue expérience des tours que l’amour fait faire, elle ne douta point que ce ne fut là quelque trait de sa façon. Elle fit lever d’abord sa servante Madelon, lui commanda d’allumer sa chandelle, et se levant tout en chemise, car c’était pendant les grandes chaleurs de l’été, elle alla pour voir ce que c’était. La première chose qu’elle vit de loin, ce fut Marin qui sortait de la chambre de Pasithée, et qui, ayant ouï le bruit qui se faisait, et jugeant qu’il en était la principale cause, s’alla recogner dans son lit. L’abbesse, l’ayant vu passer et disparaître en même temps, ne savait ce que c’était ; elle jugea, seulement, à sa démarche, qu’il fallait que ce fût un homme ; mais, ne sachant plus où le chercher, elle alla visiter toutes les chambres des religieuses pour tâcher de découvrir quelque chose. Cependant les deux religieuses qui avaient été frustrées dans leur attente furent surprises par madame dans la chaleur de leur dispute, et comme elles avaient un même intérêt à cacher la cause de leur querelle, cet orage s’apaisa dès que l’abbesse parut. Mais comme il n’était pas aisé de lui en faire accroire, et que ces deux religieuses lui paraissaient fort émues, elle jugea qu’il y avait