Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui veulent que les premiers morceaux soient toujours pour elles.

Agnès. — Mais, dis-moi comment elles ont pu découvrir que Marine était un garçon ?

Angélique. — Tu sauras que Pasithée, qui le possédait alors entièrement, ayant tait venir un jour Marine dans sa chambre, pour faire son lit, protestant qu’elle était malade, elle la retint une heure entière, et tu peux juger de quelle manière ils la passèrent. Dans ce même temps, sœur Catherine entra dans la chambre de Pasithée, dont la porte était entr’ouverte, et vit un certain manège qui la surprit d’une étrange sorte. Elle demanda à sœur Pasithée si c’était ainsi que Marine lui aidait à faire son lit, qu’elle voyait tout en désordre. Pasithée, tâchant de couvrir sa faute, dit que s’étant couchée pour reposer, son mal lui avait causé de si grandes inquiétudes, qu’elle avait changé vingt fois de place, ce qui avait causé tout ce désordre qu’elle voyait, et que Marine, prenant pitié de son mal, n’avait pas voulu quitter si tôt sa chambre, qu’elle ne la vit un peu soulagée. Sœur Catherine fit semblant de croire ce que Pasithée venait de lui dire ; mais ce qu’elle avait vu de ses propres yeux ne lui permit pas de douter que Marine ne fût un fort beau garçon sous l’habit d’une jeune fille. Ravie d’une si heureuse découverte, elle ne songea qu’à profiter d’une si belle occasion. Cependant, comme je t’ai déjà dit, elle crut qu’il fallait dissimuler et laisser croire à