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dise toutes les pensées que j’ai de Rodolphe et de toi. Je dirai seulement que je crois qu’il t’a donné quelques plaisirs de Vénus.

Angélique. — Ah ! Je crois que tu te moques de moi quand tu parles de la sorte. Écoute seulement le récit que je vais te faire de ma rencontre. Tu sauras donc qu’au matin, aussitôt que je fus levée, et revêtue d’un habit neuf que je m’étais fait faire pour les jours de fêtes, nous fûmes, Alios et moi, chez le père Théodore, après que nous eûmes fait nos prières, que tu connaîtras, quand tu sauras qu’il est de ceux qui affectent une austérité de vie apparente et une sévérité de mœurs toute particulière : tu sauras aussi que tout prêche pour eux (je crois que tu entends ces termes) la mortification et la pénitence, et leur barbe qu’ils laissent croître, leur rendant le visage sec et atténué, les fait passer dans l’esprit du peuple pour de vrais miroirs de sainteté. — Eh bien ! ma chère fille, lui dit-il en l’abordant, vous avez un père qui ne veut rien épargner pour vous rendre aussi parfaite que vous devez être. Vous devez, à ce qu’il m’a appris, vous marier dans quelque temps avec Rodolphe. il faut donc nettoyer votre âme de toute tache pour vous rendre digne de la grâce céleste, qui ne peut entrer dans un cœur souillé de la moindre ordure. Vous devez savoir, continua-t-il, que si vous êtes pure, les enfants qui proviendront du mariage et que vous mettrez au monde rempliront un jour, dans le ciel, les places des anges rebelles ;