Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

j’espère qu’avec le temps je pourvoirai à ce dont nous avons besoin pour jouir de nos plaisirs avec plus de commodité. Ces paroles dites, je m’en voulais aller, pour m’instruire sur ce sujet dans la lecture de quelques livres qui traitent de cette matière, mais il m’arrêta par la jupe, me priant que nous retournassions derechef à nos caresses, et de faire voir l’amour violent que nous avions l’un pour l’autre, avant que de nous quitter. Il me fit coucher de côté sur le lit, et se vint mettre auprès de moi comme tu te le peux imaginer, et me jurait qu’il m’aimait plus que sa vie, et je lui protestais que je le chérissais semblablement ; si bien que, nous étant fait chacun ces protestations d’amitié, il fallut recommencer les baisers, les embrassades et les attouchements et chatouillements, ce qui nous donna un contentement excessif.

Agnès. — Eh bien ! es-tu contente ? Ta curiosité est-elle pleinement satisfaite d’avoir perdu, à ce que je conclus de ton entretien, ta virginité ? Mais dis-moi, de grâce, Angélique, don Gracio ne courut-il pas risque de tomber malade d’avoir tant travaillé ?

Angélique. — Notre servante étant allée faire une promenade, rencontra, par cas fortuit, Catherine, servante de don Gracio, qui lui dit le malheur qui était arrivé à son maître. Elle m’apprit, avec bien de la tristesse et du chagrin, que don Gracio avait une fièvre violente qui l’avait mis au plus bas degré. Tu peux facilement t’imaginer à