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Agnès. — J’avoue que ce livre-là peut être mis au rang des choses inutiles, et même de celles qui sont défendues. Je voudrais pouvoir racheter le temps que j’ai employé à en faire la lecture ; il n’a rien qui m’ait plu et que je ne condamne. L’abbé qui me le fit voir m’en donna un autre qui est presque sur la même matière, mais qui la traite et qui la manie avec bien plus d’adresse et de spiritualité.

Angélique. — Je sais de quel livre tu veux parler ; il ne vaut pas mieux pour les mœurs que le précédent, et quoique la pureté de son style et son éloquence aisée aient quelque chose d’agréable, cela n’empêche pas qu’il ne soit infiniment dangereux, puisque le feu et le brillant qui y éclatent en beaucoup d’endroits ne peuvent servir qu’à faire couler avec plus de douceur le venin dont il est rempli, et l’insinuer insensiblement dans les cœurs qui sont un peu susceptibles : il a pour titre l’Académie des Dames, ou les Sept Entretiens satyriques d’Aloïsia. Je l’ai eu plus de huit jours entre les mains, et celui de qui je le reçus m’en expliqua les traits les plus difficiles et me donna une intelligence parfaite de tout ce qu’il a de mystérieux. Surtout il m’en interpréta ces paroles, qui sont dans le septième entretien, amori vera lux, et me découvrit le sens anagrammatique qu’elle cache sous la simple apparence de l’inscription d’une médaille. Je crois que c’est de ce livre dont tu as eu dessein de me parler ?