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rendus savants dans toutes les pratiques les plus secrètes de l’amour, qui sont particulières à ceux du pays.

Agnès. — Vraiment j’avais bien l’esprit autre part qu’à ces simples badineries, lorsqu’ils me vinrent voir, pour m’en souvenir à présent ! Je sais bien qu’il n’y eut point de caresses ni de sottises dont leur fureur ne s’avisât ; mais quoi ! le plaisir que j’y prenais était si grand, et le ravissement que ces transports me causaient si excessif, qu’il ne me restait pas assez de liberté de jugement pour y réfléchir.

Angélique. — Il est vrai que les doux moments où l’on goûte cette volupté nous occupent tellement que nous ne sommes pas capables de nous distraire par aucune application de notre mémoire, ni de faire un agenda sur-le-champ de tout ce qui se passe au-dedans de nous-mêmes. Je ne doute pas néanmoins que l’abbé ou le feuillant n’aient poussé leur galanterie jusque-là ; car, outre que tu as une bouche divine, ils sont parfaitement instruits de toutes les manières les plus douces et les plus engageantes de ceux qui savent passionnément aimer.

Agnès. — Hélas ! pour des personnes consacrées aux autels et dévouées à la continence, ils n’en savent que trop !

Angélique. — Vraiment, tu fais bien ici la plaisante, et ceux qui ne te connaîtraient pas croiraient que tu parles sérieusement. Mais veux-tu