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chère ; je suis ravie de te plaire en quelque chose, et d’avoir trouvé en toi tant de disposition à recevoir les lumières qui te manquaient. Quand on a l’esprit développé de ténèbres et débarrassé de toutes sortes d’inquiétudes, il n’y a point de moment dans notre vie que nous ne goûtions quelque plaisir, et que nous ne puissions même des peines et des scrupules des autres faire un sujet de récréation. Mais laissons là toute cette morale, à laquelle je me suis insensiblement engagée. Baise-moi, ma mignonne ; je t’aime plus que ma vie.

Agnès. — Eh bien ! es-tu contente ? Tu ne songes pas qu’on peut nous apercevoir ici.

Angélique. — Eh ! quel sujet avons-nous de craindre ? Entrons dans ce berceau, nous n’y pourrons être vues de personne. Mais je ne suis pas encore satisfaite, tes baisers n’ont rien que de commun ; donne-m’en un à la Florentine.

Agnès. — Je crois que tu es folle. Est-ce que tout le monde ne baise pas de la même manière ? Que veux-tu dire par ton baiser à la Florentine ?

Angélique. — Approche-toi de moi, je vais te l’apprendre.

Agnès. — Oh Dieu ! tu me mets toute en feu ! Ah ! que cette badinerie est lascive ! Retire-toi donc ! Ah ! comme tu me tiens embrassée ! Tu me dévores !

Angélique. — Il faut bien que je me paye des leçons que je te donne. Voilà de la façon que les