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auparavant regarder, elle n’eut plus que du mépris pour celles qui avaient fait son plus grand attachement.

Agnès. — C’est-à-dire que de scrupuleuse elle devint indévote, et qu’elle ne fit plus d’offrande à tous les sanctarelles qu’elle adorait auparavant.

Angélique. — Tu prends mal les choses. On peut se défaire de la superstition sans tomber dans l’impiété ; c’est ce que fit Dosithée. Elle apprit par son expérience que c’était au souverain médecin qu’il fallait recourir dans ses faiblesses ; que les tentations n’étaient pas dans la puissance des fidèles, et que dans l’âme la plus soumise il s’élevait souvent des pensées et des mouvements involontaires, qui ne faisaient pas seulement le moindre défaut. Tu vois comme je ne t’ai rien dit que de véritable quand je t’ai assuré que c’était la dévotion qui l’avait tirée de ses scrupules.

Il en arriva presque le même à une religieuse italienne qui, après s’être prosternée fort souvent devant la figure d’un enfant nouvellement né, qu’elle appelait son petit Jésus, et l’avait conjuré plusieurs fois de lui accorder la même chose, par ces tendres paroles qu’elle proférait avec une affection extraordinaire : Dolce signor mio Gesu, fate mi la gratia, etc., voyant que toutes ses prières étaient sans effet, crut que l’enfance de celui qu’elle invoquait en était la cause, et qu’elle trouverait mieux son compte en s’adressant à l’image du Père éternel, qui le représentait dans