Page:Abbé du Prat - Vénus dans le cloître ou la Religieuse en chemise, 1920.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

tout le voisinage, y avaient porté les esprits les plus purs et les plus subtils du sang, qui, pour trouver une issue conforme à leur nature toute de feu, aiguillonnaient vivement les endroits où ils étaient assemblés, comme pour y faire quelque ouverture.

Agnès. — Le combat dura-t-il longtemps ?

Angélique. — Il commença et fut terminé dans une journée. Sitôt que vêpres furent achevées, comme si Dosithée n’avait pas pu s’adresser directement à Dieu, elle s’en alla se prosterner derechef devant son oratoire. Elle prie, elle pleure, elle gémit, mais toujours inutilement. Elle se sent plus pressée que jamais, et pour insulter de nouveau à cette nature opiniâtre, elle prend le fouet en main et, relevant ses jupes et sa chemise jusqu’au nombril et l’attachant d’une ceinture, elle outragea avec violence ses fesses et cette partie qui lui causait tant de peines, qui étaient toutes à découvert. Cette rage ayant duré quelque temps, les forces lui manquèrent pour ce cruel exercice : elle n’en eut pas même assez pour détacher ses habits, qui l’exposaient à demi nue. Elle appuya sa tête sur sa couche, et faisant réflexion sur la condition des hommes, qu’elle appelait malheureuse, de ce qu’ils étaient nés avec des mouvements que l’on condamnait quoiqu’il fût presque impossible de les réprimer, elle tomba en faiblesse, mais ce fut une faiblesse amoureuse que la fureur de la passion causa et qui fit goûter à cette jeune enfant un