de tenter un coup hardi pour acquérir une fortune nouvelle ou pour reconquérir une fortune perdue.
— Oui-dà ! et c’est maître Olivier qui tient cette fortune dans sa main ?
— Maître Olivier… ou le roi de France.
— Oui-dà ! rëpéta Bruno, eh bien, Pierre Gillot, mon ami, toutes les familles bretonnes, de même que toutes les familles des autres pays, aiment assez à faire fortune quand elles sont pauvres. Quand elles sont riche, elles ne répugnent pas beaucoup à augmenter leurs domaines. C’est donc une question de hardiesse.
— Précisément.
— Ou d’honneur ! acheva le moine convers qui regarda son interlocuteur en face.
Celui-ci baissa les yeux.
— Et peut-on savoir, mon ami Pierre Gillot, de Tours en Touraine, reprit Bruno, à quoi maître Olivier le Daim compte employer la susdite hardiesse ?
— À une œuvre loyale, mon frère, qui rapprochera le roi de France et le duc de Bretagne.
— Ah ! que tu parles bien pour un valet de barbier, mon ami Gillot, que tu parles bien ! Alors, c’est une famille honorable qu’il te faut ?
— Très honorable.
— Et dont le chef soit un peu prêt à tout ? Car c’est un homme que tu demandes ?
— C’est un homme.
— Un chevalier ?
— S’il se peut… En tous cas, un gentilhomme qui ait ses entrées auprès du duc François.
— Ah ? que je vois bien ton affaire, mon Gillot ! Un trop grand seigneur ne te vaudrait rien ?
— C’est vrai.
— Tais-toi, mon homme ! ta langue te perdra ! un trop grand seigneur ne se risquerait pas assez, n’est-ce pas ? Mais un pauvre chevalier, brave comme un lion, ambitieux comme on l’est