ration étrange et soudaine. Son visage pâle ressortait sous ses cheveux sanglants. Ses yeux brillaient. Sa voix avait de l’harmonie. Les gens du Roz étaient sous le coup d’un charme.
— S’il marche seul, le comte Otto, la nuit, sur son cheval noir, poursuivit encore le nain en changeant de ton, ce n’est pas qu’il manque de serviteurs.
Il a cinquante hommes d’armes mieux équipés que les gardes écossais du roi de France. Il a un chapelain habillé en évêque, quoique notre Saint Père ne l’ait point mitré.
Il a douze chanoines hérétiques pour sa chapelle, qui est une cathédrale, quoique de croix sur l’autel point il n’y ait, vraiment.
Il a douze pages et douze damoiselles suivantes plus belles que des fées.
Il a de l’or, de l’or et des rubis, et des diamants et des perles !
Trois sorciers : un Sarrasin, un Napolitain et un Juif cherchent pour lui, le jour et la nuit, dans les grimoires, la science de l’immortalité.
Où dort-il ?…
Écoutez quand le ciel est clair, avez-vous vu, du rivage, ces points sombres qui tachent la mer embrasée ?
Loin, bien loin, si loin que l’œil se fatigue à deviner ce qu’il voit.
Ce sont des îles.
Dans la plus grande de ces îles, le comte Otto a son palais, dont les colonnes sont d’or et de porphyre.
C’est là qu’il verse le sang des enfants et des femmes dans des vases de jaspe et de cristal.
C’est là !
Pour se défendre, il a la grande mer et l’aide du démon.
Il a ses hommes d’armes, sa lance et ses maléfices. Et cependant, il sera tué…
Allons ! soleil ! reviens si tu veux !
Fier-à-Bras avait guetté de l’œil le passage de la nuée. Le