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par le du mariage du dauphin Charles avec Mme  Anne de Bretagne.

Jeannin tombait de son haut. Il n’avait jamais entendu parler de ce prince ni de cette princesse.

— À l’occasion de quoi, acheva Bruno, tu seras fait chevalier, mon fillot ! C’est moi qui t’aurai valu cela. Et tu t’en souviendras, car tu es un digne cœur !

— Mon frère Bruno, dit Jeannin, je crois que ce Gillot, de Tours en Touraine, s’est cruellement moqué de vous.

— Hein ? moqué de moi ! Est-ce qu’on ne marie pas le dauphin Charles avec Mme  Anne, fille du duc François ?

— On verra cela dans vingt ans, si madame la reine accouche d’un garçon et la duchesse de Bretagne d’une fille, cette présente année, mon frère.

Misérère ! petit Jeannin, s’écria Bruno, si je pouvais penser que ce vilain râpé de Pierre Gillot…

— Chut ! fit l’homme d’armes ; c’est moi qui vous vengerai, mon frère. Le Pierre Gillot est un personnage. Dites-moi, êtes-vous toujours bon compagnon avec Guy Legriel, premier sergent des archers de Saint-Michel ?

— Nous sommes les deux doigts de la main !

Jeannin jeta un regard vers la terrasse de l’hôtel du Dayron.

— Eh bien ! mon frère Bruno, dit-il, je suis forcé de retourner présentement vers madame Reine, qui m’attend. Revenez ici à dix heures de nuit, nous causerons.

— Dix heures ! y penses-tu ? Est-ce que tu ne peux pas m’apprendre tout de suite ?…

— Ce soir, ce soir !

Jeannin salua du geste et se dirigea vers le portail du Dayron.

Son front s’était éclairci. Une idée qu’il jugeait merveilleuse avait surgi dans son cerveau.

Bruno se disait :

Le fait est que le dauphin Charles et Mme  Anne de Bretagne sont encore bien jeunes… mais en l’an vingt-huit, à Martigné-Fer-Chaud, Joël Douarain et Chariot de la Coustre, qui étaient compagnons, se jurèrent le jour de leurs noces de